CONCORDANCE

Les menaces pullulent, les défis s’accroissent. Les forces et leurs formes changent, les alliances et les unions bougent, cependant que les risques s’aggravent. Les grandes nations sont en guerre mais vivent en paix. On fait la guerre contre tout…, le chômage, le climat, la pollution, la corruption et même la violence. La banalisation du mot brouille la mesure de sa réalité.

Aux multiples crises nous opposons farouchement l’émotion, là où devrait être mobilisée la raison. Ainsi il nous apparaît que la source de tout sursaut est la prise de conscience par les opinions publiques de la gravité de notre situation. La conscience des risques et des conflits potentiels est le préalable de l’esprit de paix. Pour ce faire, il convient de renouveler le logiciel de pensée avec exigence et entrevoir le champ des possibles sur le long terme pour se soustraire à la tyrannie de l’immédiat, du superficiel et des gazouillis limités à 280 caractères.

Il faut aujourd’hui innover dans la compréhension des choses mais surtout dans la gestion des crises émergentes et des risques de ruptures pour intégrer des réponses nouvelles. Ainsi, par exemple, le dialogue dans le désaccord doit être régénéré en prévenant les pièges de la radicalisation, de l’adversité stérile et la tentation de la simplicité en veillant à promouvoir la pensée complexe. Le manichéisme progresse sur les fragilités qu’aggravent les logiques complotistes. Ces constats sont à l’origine de la création de notre Organisme, le Centre de Réflexion et de Dialogue pour la Concordance des Civilisation (CRDCC). En effet il nous est apparu nécessaire d’engager une démarche collective fondée sur quatre ambitions :

• Promouvoir le dialogue et la coopération entre les différentes civilisations, et à construire des ponts pouvant unir les populations et les personnes au-delà de leurs différences culturelles ou religieuses, en développant une série d’actions concrètes. La différence de cultures et de confessions qui sont des caractéristiques intrinsèques a l’identité des Peuples et des Nations doivent servir à les enrichir mutuellement.
• Améliorer la compréhension et les relations entre Nations et Peuples de cultures et de religions différentes, afin de contribuer à freiner les forces qui alimentent les extrémismes. Il s’agit en l’occurrence d’instaurer un dialogue interculturel et interreligieux afin de désamorcer les tensions intercommunautaires et inter civilisationnelles, notamment celles entre le monde occidental et le monde musulman.
• Développer des partenariats avec des Organisations Non Gouvernementales, des personnalités reconnues du monde académique…
• Créer des groupes d’experts (en science politique, en sociologie, en anthropologie, en histoire des religions…).
• Nous n’avons pas la prétention de résoudre les conflits, ni le toupet de penser que notre expérience est supérieure, nous cherchons seulement à élaborer ensemble, des chemins nouveaux pour la paix et la concorde entre les peuples et les civilisations qui les sou tendent. Notre logique s’inscrit dans le long terme de manière inclusive et ouverte.

L’esprit qui nous anime n’est ni une chimère, ni une abdication. Il se construit sur les fondements d’une expérience qui nous a appris la résistance et la lucidité.

Nous voulons combler le retard que les progressistes et les artisans du dialogue entre les civilisations ont pris contre les esprits chagrins et les prophètes de mauvais augure.

C’est là pour nous une exigence, faute de quoi les réflexes les plus grégaires peuvent prendre le pas, tel que l’exprimait Alfred Dreyfus dans une lettre dans laquelle il précisait qu’il suffit de « Gratter le vernis de civilisation dont les siècles nous ont couverts, et l’homme primitif reparaît ».